L’année 2003 a été pour la Mission dans l’Industrie d’Alsace du Nord une année de consolidation et de développement. Les activités déjà existantes se sont davantage structurées, alors que de nouveaux chantiers sont apparus, contribuant à une plus grande visibilité de la MIAN en Alsace du Nord, au sein des paroisses, mais aussi dans la société civile.
Consolidation
Les trois comités de pilotage mis en place dans le cadre du Réseau Connaissance des Entreprises, de l’Equipe Ouvrière Protestante et du réseau de cadres « Convictions et Responsabilité Professionnelle » ont pris en main ces activités respectives. Même s’il est difficile de les réunir fréquemment, deux ou trois réunions par an suffisent à partager le pilotage de l’activité avec l’animateur, contribuant ainsi à consolider ces réseaux.
De plus, une rencontre bi-annuelle de l’Equipe Locale d’Accompagnement élargie à ces comités de pilotage (intitulée finement « ELA’rgie ») a également été mise en place à l’initiative de l’ELA. Elle a pour but de mettre davantage de ponts entre les diverses activités et, peut-être, de cohérence dans le dispositif général.
En effet, il apparaît que les réunions et activités du poste sont très nombreuses (environ 70 propositions dans les différents groupes ou réseaux). Cette mutiplicité pose parfois des problèmes d’organisation, notamment en termes de maîtrise du plan de communication ? C’est pourquoi, également, l’ELA a décidé de diviser chaque « saison » d’activité (de septembre à juin) en 5 « sessions » séparées à chaque fois par une ou deux semaines. Ce dispositif doit faciliter le regroupement des informations en vue de la parution de « Panoramique » qui constitue l’outil de communication transversal de la MIAN.
Pour les activités organisées en partenariat avec des paroisses ou Consistoires, des groupes de pilotage se sont également formés (pour les Rencontres Eglise et Monde du Travail de l’Outre Forêt et le Carrefour Œcuménique du Consistoire de Hatten) : ces groupes sont les véritables porteurs du projet local, relayés et appuyés par l’animateur de la MIAN. En revanche, les activités SET à Schweighouse sur Moder ou VISION à Pfaffenhoffen sont désormais pilotées par l’EOP qui, en plus de ses rencontres en équipe, organise des soirées publiques sur des thèmes de société.
La réussite du programme du Réseau Connaissance des Entreprises est à noter tout particulièrement. Il réunit régulièrement une trentaine de personnes pour des visites d’entreprises (dont environ 1/3 d’actifs). Ces visites d’entreprises sont presque devenues un « produit d’appel » pour la MIAN. Elles sont un élément important du dispositif d’animation : à la fois occasion de se tenir au courant des réalités vécues par les entreprises visitées, mais aussi occasion pour la MIAN de se montrer sur le terrain des entreprises.
Développement
Une nouvelle activité a vu le jour en 2003, qui vient compléter la « gamme » des propositions faites par la MIAN aux différents niveaux de l’échelle socioprofessionnelle. En effet, la MIAN a été à l’origine de la création d’une section des EDC (Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens) en Alsace du Nord. A l’image de l’EOP, le groupe local est membre d’un réseau national, essentiellement catholique (la France est ce qu’elle est…), mais largement ouvert sur le plan oecuménique.
Lancé en juin 2003, le groupe est très rapidement parvenu à se stabiliser autour de 15 membres présents aux réunions. L’animateur de la MIAN intervient dans ces réunions en tant que « Conseiller Spirituel » (travail partagé avec Gérard Helmer, Curé de Wissembourg), la présidence de la section étant prise en charge par Jean-Claude Girardin, paroissien de Haguenau, mais aussi membre du groupe fondateur de la MIAN en 1987 : une occasion pour cet « ancien » qui avait quitté la région pendant quelques années de « reprendre du service » !
Cette année a également été celle de la mise en route d’un lieu régulier de réflexion et de partage biblique appelé la « cafetière » : il s’agit de rencontres mensuelles le samedi matin, dans le bureau de la MIAN. Les thèmes qui ont été abordés, respectivement en 2002-2003 et 2003-2004, sont les suivants : « De l’esclavage à la terre promise : une libération » et « Prophétisme et pédagogie ». Depuis septembre 2003, Dorah Husselstein, membre de ce groupe, a accepté la responsabilité de la gestion des invitations et de la logistique (sauf l’inévitable café, pris en charge par l’animateur de la MIAN !). Il s’agit là aussi d’une activité qui vient compléter la « gamme » des activités proposées. Si les réunions de rencontre-débats sont régulièrement l’occasion d’opérer des « mises en perspectives bibliques », il est néanmoins utile qu’il existe un lieu dédié à la réflexion biblique, qui soit ancré dans la problématique de la pastorale du travail développée par la MIAN.
Mais les collaborations avec les paroisses ou les Consistoires (outre les cultes animés par le pasteur de la MIAN) ne sont pas en reste du développement. A ce titre, le « Festival du Commerce Equitable », organisé avec le Consistoire ECAAL de Bischwiller à l’occasion de la présentation de la pièce du théâtre de la Marelle sur Max Havelaar le 30 mars, est tout particulièrement à signaler. Cette collaboration réussie, en particulier grâce à l’investissement de la pasteure de Schweighouse sur Moder, Elisabeth Westphal, et de son équipe paroissiale, a donné des idées au Consistoire de Niederbronn pour une opération comparable en 2004.
Sur le plan de l’ouverture à la société civile, la nomination de la MIAN au Conseil de développement du pays d’Alsace du Nord, dans le cadre du collège associatif est également un point marquant de cette année. Il s’agit en effet pour nous d’un lieu important de discussion avec d’autres sur la problématique du développement du territoire. L’intégration de la MIAN dans ce cercle constitue une véritable reconnaissance de son action sur le terrain. En effet, outre les nombreux débats organisés dans le cadre de ses activités, elle est également présente dans l’Assemblée Générale de la Mission Locale, dans les Conseils d’Administrations de l’association intermédiaire « Le Droit au travail » ou de Mobilex (la mobilité contre l’exclusion), sans compter son action très visible au sein du « Collectif de solidarité avec les salariés licenciés d’Alsavet », à Bischwiller.
A ce titre, le travail de la MIAN (son animateur, en tant que coordonnateur, Michel Grab, Président de l’ELA et Jean-Jacques Pion, paroissien de Bischwiller) au sein de ce Collectif de solidarité a aussi marqué l’année 2003. En septembre, le collectif a décidé de poursuivre son activité, la fréquentation des réunions par les anciens salariés d’Alsavet étant toujours aussi importante (90 personnes en septembre). De plus, le reclassement est loin d’être satisfaisant (moins de 40% des personnes ont trouvé une solution). C’est pourquoi l’action du collectif de solidarité devra se poursuivre au-delà de la fin du travail de la cellule de reclassement au premier trimestre 2004.
Les réunions avec les salariés licenciés sont mensuelles (jusqu’à juin, il y en avait deux par mois : une à Bischwiller, une à Mertzwiller). A cela s’ajoute les réunions du comité de pilotage du collectif et de représentation du collectif dans le comité de suivi mis en place par le Sous-Préfet de Haguenau. Et le travail (malheureusement) a vocation à s’élargir… Dès l’annonce des difficultés de Stayer-Kity, en fin d’année, les contacts ont été pris en vue de proposer une démarche similaire aux salariés licenciés de cette entreprise. La situation de l’emploi, à Bischwiller mais aussi sur l’ensemble du bassin d’emploi de Haguenau, est préoccupante : les entreprises industrielles sont en crise, alors même que le contexte général tend à stigmatiser les demandeurs d’emplois. Cette action co-animée par la MIAN reste donc prioritaire pour 2004 et peut-être pour les années à venir.
Ces bons résultats dans l’animation du dispositif de la MIAN en 2003 trouvent leur origine dans le travail de l’Equipe Locale d’Accompagnement, dont les membres sont à la fois motivés, créatifs et disponibles pour des coups de mains. Une ELA toujours aussi conviviale, qui a vécu en février une sortie sur le thème du judaisme alsacien, occasion de dire merci à Jean Sturm, de Pfaffenhoffen, notre guide dans la synagogue ce jour-là, qui n’a pas souhaité renouveler son mandat au sein de l’équipe.
Alain Spielewoy, avril 2004.
Rapport d'activité 2002 :
"Mission dans l'Industrie d'Alsace du Nord :
une pastorale du travail"L'année 2002 a été tout particulièrement marquée par le dossier "Alsavet". Cette entreprise de Bischwiller et Mertzwiller, du secteur de l'habillement, employant 560 personnes, a successivement déposé son bilan, mis en uvre un premier plan social, puis un second dans le cadre d'une liquidation. La Mission dans l'Industrie d'Alsace du Nord a réuni plusieurs partenaires pour mettre sur pied un "Collectif de solidarité avec les salariés licenciés d'Alsavet". Cet engagement a contribué à mettre l'accent sur la pastorale du travail dans l'action de la Mission dans l'Industrie. Une pastorale qui comprend différents aspects que l'on retrouve tous dans le dossier "Alsavet".
Accompagner des personnes
Assurer une présence dans les milieux économiques et de l'économie sociale
Offrir des lieux de parole et de formation
Animer le débat dans l'Eglise et dans la société
Un espace de médiationAccompagner des personnes
Cette pastorale consiste d'abord à accompagner des personnes. Il s'agit, pour le pasteur de la Mission dans l'Industrie, de prendre le temps d'écouter les personnes qui ressentent le besoin de parler de leur travail : difficultés relationnelles, problèmes de santé, articulation entre vie professionnelle et vie familiale, engagement syndical, perte d'emploi, mais aussi enthousiasme, passion, perspectives d'avenir Le Collectif de Solidarité a favorisé cet accompagnement de personnes, dans un cercle relativement éloigné des Eglises. Il réunit mensuellement les salariés licenciés qui le souhaitent, depuis septembre 2002. Il permet ainsi non seulement d'assurer une bonne information des personnes, mais aussi de leur donner la parole et de lutter par cette action collective contre le sentiment de solitude qui accompagne bien souvent la situation de chômage.
Assurer une présence dans les milieux économiques et de l'économie sociale
Au-delà de cet aspect d'accompagnement des personnes, une pastorale consiste en général aussi dans l'organisation de la présence des Eglises dans tel ou tel secteur de la vie sociale. C'est ainsi que la Mission dans l'Industrie a vocation à "se montrer" un peu partout où il est question de travail, d'économie ou de développement économique. Depuis quelques années, elle est membre de la Mission Intercommunale pour l'Insertion Sociale et Professionnelle des Jeunes (Mission Locale), ainsi que de l'association intermédiaire "Le Droit au travail", au sein de laquelle elle siège au Conseil d'Administration. De plus, la MIAN est désormais connue dans le réseau de la Jeune Chambre Economique (mouvement international de formation des jeunes à la prise de responsabilité), au sein de laquelle son animateur se forme et s'engage (Organisation d'un "Festival des Métiers", de Conférences "Barberousse", représentation au sein du Conseil d'administration de "Mobilex" - association qui lutte contre l'exclusion par la mobilité). De plus, malgré l'impossibilité à intégrer cette structure en tant qu'organisme d'Eglise, l'animateur de la MIAN garde le contact avec l'Association pour le Développement de l'Alsace du Nord, afin de mieux percevoir quels sont les enjeux actuels et de participer au débat sur le développement du bassin d'emploi. Enfin, les visites d'entreprises contribuent également à multiplier les contacts avec les milieux économiques.
Là encore, le Collectif de solidarité avec les salariés licenciés d'Alsavet a permis de nouer de nouveaux contacts : syndicats, sous-Préfet, Conseil Régional ou Direction Départementale du Travail A travers cette action, la MIAN est présente sur le terrain des plans sociaux et son animateur a pu suivre de près un redressement judiciaire, une liquidation d'entreprise et tout ce qui accompagne ce genre de situation.Offrir des lieux de parole et de formation
Mais il ne suffit pas de se tenir au courant des réalités du monde du travail et des débats sur l'avenir économique du bassin d'emploi. Un "retour sur investissement" est nécessaire, qui prend la forme d'une animation proposée à ceux qui se sentent concernés par ces problématiques : des lieux de parole et de formation, afin que chacun puisse se forger des opinions, dépassant ainsi les préjugés ou les idées toutes faites. De ce point de vue, la MIAN continue à jouer son rôle, en recentrant toujours davantage les sujets abordés sur les questions du travail et de l'économie. L'Equipe Ouvrière Protestante et le réseau de cadres "Convictions et Responsabilité Professionnelle" fonctionnent désormais avec des comités de pilotage, même si ces activités n'ont pas encore complètement atteint leur vitesse de croisière. De plus, 2002 a été l'occasion d'une "première", avec l'organisation, en lien avec nos partenaires du Palatinat, d'un séminaire au Liebfrauenberg pour des cadres et des syndicalistes, sur le thème : "Projet d'entreprise : ce qui est dit et ce qui est compris". L'engagement auprès des salariés licenciés d'Alsavet a également nourri la réflexion de l'équipe ouvrière et du réseau de cadres : les thèmes de la mondialisation et des délocalisations ont ainsi été traités pour tenter de mieux comprendre ce qui se passe aujourd'hui dans les évolutions du bassin d'emploi.
Ces lieux de parole et de formation sont indispensables aujourd'hui, car ils permettent aux personnes, bombardées d'informations contradictoires, d'avancer dans leur réflexion personnelle et de structurer ainsi leur engagement, dans l'Eglise et dans la société. La pastorale du travail, on le voit ici, ne consiste pas seulement en une uvre de consolation, mais également en une action d'édification : comprendre notre monde, articuler nos convictions avec notre compréhension du monde, afin d'agir là où nous sommes, en témoins d'une espérance pour notre société en mal de perspectives.Animer le débat dans l'Eglise et dans la société
Garder à l'esprit des Eglises (paroisses, pasteurs et paroissiens) l'importance du travail dans la vie des personnes et le questionnement de nos convictions qu'il occasionne constitue le quatrième aspect de la pastorale mise en uvre par la Mission dans l'Industrie. Il s'agit bien là d'animer le débat, car il n'y a pas de doctrine sociale de l'Eglise dans le protestantisme, pas de réponses toutes faites sur ces questions économiques et sociales. Les formes de cette animation sont diverses : articles, prédications, conférences, mais aussi groupes réguliers dans des paroisses, des Consistoires (Carrefour cuménique, Rencontres Eglises et Monde du travail de l'Outre-Foret) ou encore en lien avec le Liebfrauenberg : en 2002, nous avons lancé ensemble une nouvelle activité intitulée "Partager et comprendre".
Tout cela reste une part importante du travail de l'animateur de la MIAN, qui prend le temps aussi de circuler à la demande dans les paroisses d'Alsace du Nord, simplement pour célébrer des cultes, témoignant ainsi par sa présence de l'existence de ce travail méconnu des Eglises.
Mais animer le débat dans l'Eglise conduit aussi à l'ouvrir au sein de la société. Cela a été tout particulièrement le cas avec la Journée Annuelle de la Mission dans l'Industrie, organisée en lien avec la paroisse de Soultz sous Forêts, sur le thème "Du papy boom à la montée de la dépendance". Cette journée a réuni non seulement des paroissiens des Consistoires de Soultz-Wissembourg (ECAAL) ou de Bischwiller (ERAL), mais aussi des personnes venue d'autres horizons, concernées par la montée de la dépendance et heureuses de trouver un espace de débat et d'expression offert par les Eglises Protestantes. De plus, organisée en plein débat national sur l'avenir de l'Allocation Personnalisée pour Autonomie (APA), cette rencontre a eu un écho à l'Assemblée Commune des Eglises Protestantes d'Alsace et de Lorraine. Celle-ci a adopté un vu sur ce thème. Cette prise de position des Eglises en faveur d'une solidarité forte avec les personnes âgées dépendantes, quel qu'en soit le prix, a ensuite suscité dans le monde politique alsacien, c'était l'objectif, le débat.
La présence de la MIAN dans le dossier Alsavet n'a pas non plus été sans susciter des questions, que cela soit dans les milieux politiques ou syndicaux. Que veut dire "collectif de solidarité" ? Pourquoi Alsavet et pas une autre entreprise ? Mais aussi : Que viennent faire les Eglises dans ce dossier ? Sont-elles dans leur rôle ou usurpent-elles celui des responsables politiques ou syndicaux ?Un espace de médiation
Usurpation ou médiation ? Telle est au fond la question. Il est clair que ni la MIAN ni les Eglises n'ont à se substituer aux autorités politiques ou aux représentants des salariés, dans quelque dossier que ce soit. Par contre, l'exemple du collectif de solidarité avec les salariés licenciés d'Alsavet montre bien comment la MIAN a pu jouer un rôle de médiateur entre les personnes concernées par les licenciements (tout est parti d'une rencontre de l'animateur de la Mission dans l'Industrie avec les membres de l'intersyndicale) et les associations qui prennent aujourd'hui part à cette action. Entre ces personnes aussi et les institutions qu'elles doivent fréquenter, pour ne pas dire affronter : ANPE, ASSEDIC, cellule de reclassement
Ce même rôle est par ailleurs joué par la Mission dans l'Industrie dans une action étonnante, qui suit son cours depuis quatre ans : le Groupe de Réflexion sur les Relations Franco-Turques à Bischwiller. Parti du constat de la persistance d'un "problème turc" dans cette ville, ce groupe (ou plutôt ce réseau informel) a touché des personnes de cercles très divers de la ville : associations, parents d'élèves, centre social, associations franco-turques, municipalité, paroisses... Des personnes qui ont pu trouver là un lieu d'expression de leurs questions et de recherche de pistes nouvelles pour aller de l'avant dans une meilleure intégration de cette population venue à Bischwiller en raison des évolutions du monde du travail.C'est pourquoi, au regard du travail accompli en 2002, il nous apparaît que si la Mission dans l'Industrie consiste bien dans la mise en uvre d'une pastorale du travail, celle-ci est non seulement de l'ordre de l'accompagnement mais aussi de la transhumance, pour reprendre l'image évoquée par l'expression. À la fois accompagnement du troupeau, qui a besoin d'être protégé du loup et de trouver sa route au milieu des obstacles, mais aussi transhumance entre des territoires éloignés dont la fréquentation alternée est nécessaire pour assurer une nourriture suffisante, et par là même une vie équilibrée.
Alain Spielewoy, avril 2003
Rapport d'activité 2001
de la Mission dans l'Industrie d'Alsace du Nord2001 a tout d'abord été l'année de la stabilisation du dispositif redéployé depuis le changement d'animateur du poste en septembre 1997. Ensuite, l'année s'est terminée avec la perspective d'un temps d'évaluation qui doit permettre de faire le point dans le travail et de tracer des lignes directrices pour le travail des prochaines années.
Un dispositif qui s'est transformé.
Les activités propres à la MIAN
Les collaborations en Eglise
Les collaborations dans la société civile
Evaluer les perspectives pour les prochaines années
ConclusionUn dispositif qui s'est transformé.
Le rapport d'activité 2000 soulignait déjà ce redéploiement du travail en 3 secteurs : les activités propres à la MIAN, les collaborations en Eglise et enfin les collaborations avec la société civile (voir l'organigramme en annexe). Si le contenu de ces trois éléments a peu changé en un an, quelques remarques méritent de figurer dans ce rapport pour rendre compte de quelques évolutions ou découvertes.
Les activités propres à la MIAN
Des comités de pilotage fonctionnent désormais pour l'Equipe Ouvrière Protestante d'Alsace du Nord, le réseau de cadres Convictions et Responsabilité Professionnelle, ainsi que pour le Réseau Connaissance des Entreprises (visites d'entreprises, notamment). Il a ainsi été possible de redéfinir les objectifs de ces activités et de briser le relatif isolement de l'animateur dans la conduite de ces projets de lieux de rencontres, de débats ou de découvertes. Les deux premières activités fonctionnent encore difficilement : le nombre des participants n'est pas suffisant aujourd'hui pour assurer leur régularité ; chaque réunion est encore une aventure. Par contre, les visites d'entreprises connaissent un succès grandissant, réunissant désormais régulièrement une trentaine de personnes.
Une nouvelle activité a démarré en 2001 : les voyages de mission dans l'industrie. Autour de la Toussaint, 35 personnes ont ainsi participé à un séjour organisé par la Mission dans l'Industrie en République Tchèque : " Côté Pils et côté face ". Le voyage a su allier tourisme, culture et découverte des réalités économiques et sociales du pays. Le succès de la formule appelle d'autres projets de ce type.
Le dispositif de communication, axé sur Panoramique, le site Internet, ainsi qu'une présence dans la presse permet aujourd'hui à la Mission dans l'Industrie de sortir de l'ombre. Que cela soit au niveau des responsables de paroisses ou de la société civile, nous commençons à être connus. Mais il ne s'agit là que d'un premier pas : il faudra encore être reconnus, c'est-à-dire devenir un dispositif d'Eglise revendiqué par les paroisses, d'une part, et intégré au cercle des partenaires du monde du travail en Alsace du Nord, d'autre part.
Au niveau du réseau national (SPMT-Service Protestant dans le Monde du Travail et EOP-Equipes Ouvrières Protestantes), la Mission dans l'Industrie d'Alsace du Nord tient aujourd'hui une place particulière. Il s'agit en effet du seul poste de ce type disposant d'un animateur à plein temps. C'est pourquoi je suis aujourd'hui le secrétaire du SPMT. À ce titre je porte le souci de l'avenir des postes de Mission dans l'Industrie en France : à Montbéliard, Robert Olivier partira bientôt à la retraite. Il faudra lui trouver un successeur. Robert assure, en outre, la fonction de secrétaire général des EOP. À Hayange, depuis le départ de Rolande Sittig, plusieurs indices indiquent que l'on risque d'aller vers la suppression pure et simple du poste. À Lyon, il n'a toujours pas été possible de trouver un successeur à Guy Bottinelli, parti à la retraite il y a pourtant plus de 10 ans : les financent manquent, tout comme les candidats. Plus que jamais, le travail de Mission dans l'Industrie est aux marges des préoccupations des Eglises et cette marginalité est parfois pesante pour moi.Les collaborations en Eglise
La plupart des activités héritées de René Suss existent encore, d'une manière ou d'une autre. Mais il s'agit aujourd'hui de les faire évoluer dans le sens d'une appropriation par les paroisses ou les Consistoires. Pour moi, l'animateur de la Mission dans l'Industrie ne peut intervenir sur le terrain local que dans le cadre d'un projet paroissial ou consistorial clair, mobilisant le conseil presbytéral ou consistorial et le(s) pasteur(s). L'animateur de la MIAN apporte alors dans ces projets des ressources en animation et son carnet d'adresse. Il n'a en revanche aucune compétence au niveau de la mobilisation d'un public local. Dans cette démarche, le fait qu'en 4 ans je n'ai été invité que dans un seul Conseil Presbytéral, montre l'ampleur de la tâche.
Le territoire de la MIAN comportant une cinquantaine de paroisses, il est évidemment impossible qu'elle soit présente partout par une activité. C'est pourquoi je me rends disponible pour présider ou participer à des cultes (19 cultes présidés, 5 interventions, dont une journée paroissiale et un week-end consistorial en 2001). Cette présence est à mon sens nécessaire pour intégrer la MIAN dans le paysage protestant d'Alsace du Nord. Elle sera de plus complétée à l'avenir par une proposition annuelle de liturgie envoyée à toutes les paroisses.
La diffusion de Panoramique à tous les pasteurs et à tous les présidents ou vice-présidents de conseils presbytéraux a eu un impact non négligeable sur la participation aux activités, en particulier pour les visites d'entreprises.
La MIAN est présente dans deux associations protestantes : le CPCV-Organisme Protestant de Formation et le Liebfrauenberg. Pour ce dernier, il s'agit de trouver les modalités d'une collaboration, soit à l'échelle locale (Consistoire de Woerth), soit au niveau du bassin d'emploi. Outre la poursuite de séminaires au Liebfrauenberg avec la Mission dans l'Industrie du Palatinat, on s'achemine aujourd'hui vers la création d'un lieu de débat sur des problématiques du quotidien dans la maison de l'Eglise. Ma présence au Conseil d'Administration du CPCV est du même ordre. Il s'agit là de rechercher s'il est possible, à terme, de développer une activité de formation en commun : formation en éthique économique ou formations au dialogue social, par exemple, dans le prolongement des séminaires organisés par la MIAN ou le SPMT. Aucune piste n'a cependant pu être dégagée à ce jour dans ce sens.Les collaborations dans la société civile.
La MIAN assure une présence protestante dans des associations extérieures au protestantisme. Depuis quelques années déjà, elle est membre de la Mission Intercommunale pour l'Insertion Sociale et Professionnelle de Jeunes (Mission Locale). Dans ce cadre, outre la participation à l'assemblée générale, je participe à un réseau de parrainage en vue de faciliter l'entrée des jeunes sur le marché du travail. Depuis 2001, la MIAN est également présente au conseil d'administration d'une association intermédiaire : le Droit au travail (à Haguenau). D'autres contacts, dans des associations du secteur de l'économie sociale se poursuivent. Les collaborations avec l'Association pour le Développement de l'Alsace du Nord (comité de bassin d'emploi) n'ont été possibles à ce jour qu'à travers mon engagement dans la Jeune Chambre Economique. Néanmoins, l'évolution de l'ADéAN vers un " contrat de Pays " offre une opportunité : la MIAN pourrait intégrer le collège des associations dans le Conseil de développement du Pays. Des contacts positifs se poursuivent en ce sens. Cette présence dans divers cercles associatifs pose évidemment un problème de temps. Il s'agit tout à la fois de doser mon effort et de trouver à l'avenir d'autres représentants pour la MIAN.
Evaluer les perspectives pour les prochaines années
Pour moi, le projet de la MIAN s'inscrit dans la tradition du christianisme social. Tommy Fallot, une des grandes figure de ce mouvement, le définissait ainsi : " Je désigne par christianisme social tous les efforts tentés pour acquérir l'intelligence sociale de l'Evangile et pour faire passer celui-ci dans les lois et les institutions ". La MIAN répond effectivement à ce projet, mais sur le plan individuel seulement : c'est à chaque personne, là où elle travaille, de mener cette recherche. C'est à elle de tracer ses lignes rouges et de construire ses compromis. La spécificité du protestantisme a toujours été de ne pas s'enfermer dans l'expression d'une doctrine sociale. Même si des courants existent, le protestantisme fait toujours appel à la responsabilité de chacun dans la recherche de la cohérence entre l'Evangile et l'action personnelle dans la société. Sur le plan collectif, par contre, le dispositif de la MIAN ne peut pas répondre à cette attente, comme peuvent le faire, par contre, des mouvements comme " Comprendre et s'engager ". Cependant, elle pourrait devenir un outil d'information et de conseil pour les Eglises qui sont susceptibles de prendre position publiquement dans tel ou tel domaine. Mais cette fonction n'est aujourd'hui que théorique. L'absence d'un service protestant dans le monde du travail au niveau des Eglises régionales se fait ici sentir. Ne faudrait-il pas travailler dans ce sens, même si les dispositifs institutionnels des postes touchant à la Mission dans l'Industrie sont divers ? Ce ministère particulier y gagnerait en reconnaissance. Et la MIAN, qui essaye d'animer le débat sur les questions du travail en Alsace du Nord, pourrait alors aussi, avec d'autres, rendre davantage compte de ce débat au sein des Eglises dans leur ensemble.
Par ailleurs, la Mission dans l'Industrie doit petit à petit trouver sa place en tant que projet missionnaire dans le paysage protestant d'Alsace du Nord. Elle n'est pas d'abord au service des paroisses ; elle est un service des paroisses, par l'intermédiaire de la SEMIS. Les discussions occasionnelles autour de la participation financière des paroisses sont révélatrices à cet égard. En effet, le dispositif mis en place lors de la création du poste a pu faire croire qu'il s'agissait de rémunérer une prestation assurée dans la paroisse. Il faut aujourd'hui expliquer sans cesse que cette participation financière est d'un autre ordre : c'est bien un soutien à un projet de Mission Intérieure qui leur est demandé. À travers la MIAN, les Eglises Protestantes se donnent un outil pour être présentes sur le terrain du travail, comme elle ont su aussi se donner les moyens d'être présente sur le terrain urbain. Malgré la nouveauté de cet angle d'appréhension du terrain social, le projet peut être compris. Il convient d'ajouter encore que l'objectif du projet n'est pas a priori de regarnir les rangs des paroisses, si toutefois elles en avaient besoin. Tout projet de Mission Intérieure vise d'abord à porter la présence de l'Eglise hors de ses murs, au sein de la société qui l'environne, pour donner du crédit à l'Evangile.
Il me semble que la MIAN doit continuer dans les prochaines années à développer son projet autour des 4 axes suivants : l'équipement des chrétiens, une pastorale du travail, un essai de médiation entre Eglises et société civile et enfin le renforcement de son caractère de service d'Eglise.
Car dans le rôle de la MIAN, il y a bien quelque chose qui est de l'ordre de l'équipement du chrétien : encore une fois, non pas enseigner une doctrine, mais stimuler le travail personnel des croyants dans le domaine de l'articulation entre Bible (ou tradition théologique) et vie au travail. La façon dont il faut comprendre cette mission spécifique est bien rendue par la manière dont le philosophe Paul Ricoeur caractérise l'engagement politique du chrétien dans cette phrase : " il est au point de rencontre d'une conviction religieuse ou éthique, d'une information essentiellement profane, d'une situation qui définit un champ limité de possibilités et de moyens disponibles, d'une option plus ou moins risquée. " (Cité par Raoul Crespin dans " Des protestants engagés : le Christianisme Social ", p.54). L'engagement des chrétiens au travail peut se comprendre de la même façon. Or, le point de rencontre entre tous ces facteurs ne se découvre pas seulement dans le " colloque singulier ", pour reprendre une expression du philosophe : sa localisation passe également par le débat avec d'autres. Car le débat est tour à tour occasion de mise à l'écoute des positions tenues par les autres et " lieu-test " pour l'expression des positions que je défends à un moment donné. C'est pourquoi la MIAN doit persévérer dans son projet d'animation du débat sur les questions touchant au travail, en articulation avec l'Evangile. La fonction de l'animation biblique est ici mise en évidence. Celle-ci est encore sous-développée dans la MIAN, en partie parce qu'elle a mauvaise réputation : elle est perçue davantage comme le lieu déversoir d'un savoir universitaire, plutôt que comme une stimulation de la réflexion personnelle, à partir des préoccupations quotidiennes. C'est dans cette dernière perspective que nous devrons essayer de la développer dans les prochaines années.
A côté de l'animation du débat, le développement d'une pastorale du travail est sans doute une perspective importante pour la MIAN dans les prochaines années. J'entends par là un travail d'accompagnement des personnes ou de guidance. Il s'agit de prendre soin des personnes en tenant compte de leur environnement de vie et de travail, tel qu'il se donne, avec ses contraintes et ses dangers. Ce travail existe déjà, en réponse à des demandes exprimées : dépression liée aux relations avec les collègues de travail ou avec le travail lui-même ; sentiment de harcèlement moral ; mais aussi besoin exprimé de " quelqu'un à qui parler ", que cela soit dans un moment de doute, d'angoisse, de crise ou face à une prise de décision importante. Ce rôle pastoral pourrait prendre plus de place à l'avenir. Il suffirait pour cela de développer notre communication dans ce sens ou de définir un cadre plus repérable pour l'écoute. Peut-être faudrait-il mettre en place une cellule d'écoute avec d'autres pasteurs ?
En troisième lieu, le projet de la MIAN est un projet de médiation. Le terme ne doit pas forcément être compris ici dans le sens d'une " médiation de crise ". Ce qui est visé ici est simplement un travail de rapprochement entre des mondes qui s'ignorent : l'Eglise et les entreprises ; l'Eglise et la société. Le travail de représentation, les collaborations inter institutionnelles ou les visites d'entreprises sont des outils appropriés au développement de cet axe de travail. C'est pourquoi il convient de soigner cet aspect des choses et de le structurer dans les prochaines années. Quels sont les lieux à fréquenter ? Avec qui faut-il travailler ? Après une période où toute demande était une opportunité à saisir, sans doute faudra-t-il élaborer une stratégie, pour maîtriser l'évolution de cette partie du travail. Néanmoins, la médiation de crise, dans un conflit social ou, plus modestement, dans un conflit entre un employeur et un salarié n'est pas non plus à exclure. Le positionnement du poste, " en débat ", rend cette hypothèse possible, de même que l'axe de pastorale du travail. Mais l'expression d'une telle demande présuppose un crédit que nous n'avons sans doute pas encore aujourd'hui.
Enfin, la MIAN doit soigner son caractère de Service d'Eglise. Comme d'autres services, par exemple la Pastorale Familiale et Conjugale, les Paroisses d'Alsace du Nord doivent pouvoir compter sur elle. La territorialisation de la MIAN complique sans doute un peu les choses : les limites du bassin d'emploi se jouent des limites des Consistoires ou des Inspections. Là encore, l'absence d'un service au niveau des Eglises d'Alsace-Moselle renforce la difficulté. Mais la mise en place d'un tel service demanderait une reconnaissance plus grande de ce ministère. Le pasteur de la Mission dans l'Industrie, que je suis, a parfois l'impression d'être regardé comme un pasteur-gadget...
C'est pourquoi l'effort de disponibilité pour des interventions ponctuelles dans le cadre de cultes, de conférences ou d'autres animations, doit être maintenu.
Il en est de même pour la co-animation de lieux de débat au niveau des paroisses ou des Consistoire (comme dans les Rencontres cuméniques Foi et Société, les rencontres VISION, Société Evangile Travail ou le Groupe cuménique Transfrontalier). Ces activités doivent continuer à évoluer vers une appropriation plus grande par les structures paroissiales ou Consistoriales. Encore une fois, le pasteur de la MIAN n'a pas à développer des activités dans les paroisses. Mais il peut tout à fait travailler avec les paroisses, lorsqu'elles en expriment clairement la demande.Conclusion
Ces quatre dernières années ont vu de nombreuses évolutions dans le travail de la Mission dans l'Industrie. Tout d'abord, elle a redéfini son territoire en privilégiant les limites du bassin d'emploi plutôt que les limites ecclésiastiques. D'une Mission dans l'Industrie de Haguenau-Bischwiller, nous sommes ainsi passés à une Mission dans l'Industrie d'Alsace du Nord. De même, le dispositif institutionnel a été clarifié : la maîtrise d'ouvrage de la MIAN est confiée à la SEMIS ; le donneur d'ordre est le Conseil Commun ; le pasteur de la Mission dans l'Industrie n'est pas attaché à un Consistoire, mais il est intégré à l'équipe de la SEMIS. Ensuite, la MIAN a développé des activités qui lui sont spécifiques, à l'échelle du bassin d'emploi : une Equipe Ouvrière Protestante, un réseau de cadres intitulé " Convictions et Responsabilité Professionnelle ", un " Réseau Connaissance des Entreprises " qui propose aujourd'hui un programme de visites d'entreprises à un large public Cette " émancipation " des structures paroissiales a été accompagnée par le développement de la présence de la MIAN dans les milieux extérieurs à l'Eglise : aujourd'hui, la MIAN est davantage connue en Alsace du Nord qu'il y a 4 ans. Enfin, dans la même veine, qui consiste à sortir le poste de la confidentialité, le travail sur les outils de communication (en particulier Panoramique et Internet) a commencé à porter ses fruits : il permet tout à la fois d'améliorer la visibilité du dispositif au sein de l'Eglise et d'élargir le public touché par les activités.
Nul doute que ce projet de Mission Intérieure a un avenir en Alsace du Nord, cette partie de l'Alsace très industrialisée, dont l'avenir économique, malgré les apparences, demeure incertain. Si les paroisses d'Alsace du Nord savent accorder leur confiance à ce poste missionnaire, nul doute aussi qu'elle seront demain au bénéfice de son dynamisme.
Alain Spielewoy, 30 mars 2002